Généralités

Depuis la nuit des temps, les dragons parcourent la Terre entière et en sont les maîtres. Craints par une partie des humains pour leur capacité à provoquer des incendies, vénérés par une autre pour leur capacité à rendre la terre riche et abondante, les dragons se font de plus en plus discrets. Si, autrefois, il suffisait de décimer un village entier pour se débarrasser de témoins gênants, il en est tout autre depuis que les humains ont mis au point Internet.

Nobles créatures, fut un temps où dragons et dragonnes vivaient ensemble et assuraient la prospérité de leur espèce. Cependant, le déclin de la fertilité chez les femelles leur causa de nombreux torts : la réduction du nombre de dragons et l’affaiblissement de leurs pouvoirs et emprise sur le monde poussèrent les mâles à se débarrasser des maillons faibles. Les dragonnes furent chassées des milliers d’années auparavant, et les dragons furent contraints de se reproduire avec d’autres espèces pour assurer leur survie. Celle qui fut privilégiée par les dragons fut l’espèce humaine, pour son intelligence et sa place dans la chaîne alimentaire.

Reproduction

De nos jours, les dragons mâles ne se reproduisent plus qu’avec des humains.

Si les dragons les plus traditionnels continuent d’employer la force et la violence, enlevant les femmes avec qui ceux-ci veulent s’accoupler, beaucoup de dragons dont ceux de la colonie de Füssen passent dorénavant par une manière plus douce et par la séduction plutôt que la séquestration (et ce au plus grand bonheur des oreilles de chacun…).

Le temps de gestation est le même que celui des humains.

Concernant l’enfant, si celui-ci est de sexe féminin, le gène de dragon ne se développe pas, ce qui en fait une humaine banale. En revanche, si c’est un garçon, ce gène commence à se développer vers 10 ans et donne obligatoirement un dragon, du fait de son allèle à caractère dominant. De ce fait, de sa naissance à ses dix ans, un enfant de dragon ressemble en tout point à un humain.

Fort heureusement, pour éviter la prolifération des dragons qui sont tout de même assez rares, la chance d’avoir un héritier masculin n’est que d’une sur cinq.

Dragonnes

On les croyait disparues, tout un pan d’une espèce éteinte suite à l’appauvrissement des gènes de dragon chez les progénitures, et à leur incapacité de procréer à leur tour, laissant planer le doute quant à la fertilité des dragonnes. Pendant des millénaires, elles ont été critiquées par les mâles, ostracisées ou exclues des clans, au point où leur extinction paraissait une évidence.

Et pourtant, elles sont encore là.
Après des centaines d’années sans un mot, elles sont revenues, plus nombreuses que jamais et assoiffées de vengeance. Accusées à tort d’être la cause du déclin de l’espèce, elles comptent bien rendre la pareille aux mâles, et leur première cible est la colonie de Füssen.

Mais comment ont-elles survécu sans possibilité de se reproduire ?
Elles ont fait comme les mâles. Après avoir été chassées, toutes les dragonnes de la planète ont migré d'un accord mutuel pour s'abriter en Antarctique, et plus précisément à l'endroit que les humains nommèrent plus tard la terre d'Adélie, de la langue draconique « Ahdaelïe, » le refuge. Ne pouvant plus s'approcher des mâles, elles ont voulu tenter, elles aussi, de perpétuer leur lignée par le biais des humains. Et si les progénitures étaient rares, elles arrivaient toujours à maturité, continuant ainsi une espèce déchue.

Curieusement, à l'inverse des dragons mâles qui ne donnent leur gènes de dragons qu'aux garçons, les dragonnes d'Adélie ne peuvent engendrer que des femelles. De plus, à force de se reproduire avec des humains, la compatibilité entre les deux sexes de l'espèce s'est amoindrie, si bien qu'il est désormais impossible pour deux dragons de s'accoupler et donner naissance à un dragon « pur ».

Le dernier œuf de dragon (mort-né) trouvé par les dragons à ce jour remonte à plus de 800 ans.

Enfance

Oh, votre dragon est l’heureux papa d’un bambin ? Bon courage.

Si l’enfant est de sexe masculin, son père vient systématiquement le chercher quelques mois après sa naissance. En effet, puisque les dragons vieillissent dix fois moins vite que les humains, laisser un enfant dragon alors que celui est plus lent à se développer risquerait de compromettre le secret autour de leur existence. Même si le père n’en veut pas, il peut simplement laisser les autres dragons de la colonie s’en occuper, ou même l’abandonner dans un lieu désert, comme l’Amazonie, s’il n’en fait pas partie.

Les bébés dragons appartenant à la colonie sont emmenés au repaire principal et y sont élevés par un ou deux dragons nourrices, ou par leur père directement. Le taux de naissance étant très bas, il n’y a, en général, pas plus d’une poignée de dragonneaux entre chaque migration. Ils ne connaissent pas vraiment leur mère, qui n'est pas non plus au courant que son enfant est un dragon, règle imposée par Sohan.

Hors de la colonie, les bébés dragons peuvent connaître leur mère, même si celle-ci finit généralement dans le ventre du père quand elle ne veut ou ne peut plus s'en occuper, ou qu'elle essaye de s'enfuir tous les deux jours.

Dans tous les cas, l'existence des dragons est un secret absolu.

Et si votre dragonne est l’heureuse maman d’un bambin ? Bon courage aussi.

Les dragonnes ont davantage de mal à procréer que les mâles, mais leurs progénitures sont systématiquement des filles disposant des gènes de dragons.

Perchée en haut de sa tour, elle les toise du regard.
Ces dragons, impuissants, interdits, qui la fixent, ne sachant que faire.

Une question sur toutes les lèvres : comment une simple humaine a-t-elle pu traverser le brouillard ?

Sohan arrive, et la dévisage.
Elle le remarque, et sourit.
Après tout, c’était lui qu’elle attendait.

— Comme c’est joli, par chez vous. Je ne vais pas trop m’attarder cela dit, on m’attend, lance-t-elle avant de se tourner vers le chef de la colonie. Au fait, Inaya te salue.

Et d’un claquement de doigt, elle disparaît dans un nuage de fumée.
Au loin, on entend le battement de petites ailes.

Au tour de Sohan, d’être confus.
Inaya, le nom de sa sœur, résonne dans son esprit.
Sa grande sœur, que le chef de la colonie n’a pas vue depuis son bannissement.
Comment peut-elle encore être en vie ?

Plus important encore, une dragonne à Neuschwanstein ?